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Mai à septembre 2020

Mai et juin

Le travail se poursuit en atelier. Il n’est toujours pas possible d’aller à la Résidence.

Un travail de création et de réflexion. Je réfléchis à ma vieillesse, à la rencontre, à la force de la rencontre. Je cherche à peindre ce moment magique de communication où l'on se reconnaît l'un l'autre dans sa passion, dans son courage, dans sa détermination et dans son intégrité.



Juillet et août 2020

Crédits photo ©Mario Gosselin

Les visites à la Résidence reprennent. Je peux maintenant aller voir les résidents et les résidentes, mais je ne peux pas pour le moment accrocher les œuvres faites. Je poursuis donc mes entrevues. Ce sont des moments intenses et charmants, pleins de vie et de réconfort mutuel. Nous sommes si heureux de nous revoir enfin. Ce projet je l’ai construit bien avant la pandémie, il prend un sens encore plus singulier dans un contexte aussi étrange et surprenant que celui de la pandémie. Il met en lumière ce grand besoin que j'ai de faire reconnaître les personnes âgées, et particulièrement les gens du Grand Âge. Je veux amorcer une réflexion sur la vieillesse, la mienne et celle des autres. Comment pouvons-nous prendre soin de notre vieillesse?

Préparation en atelier…



Recherche d'une idée…
J'ai une résidente en tête. Elle est toute joyeuse, pleine de rires et de musique. Qu'est-ce que cette œuvre donnera?


Puis un personnage apparaît. Je sais à qui appartient ce personnage.

De grands yeux ouverts sur le monde !
2020 | 30" x 20" / 76 x 51 cm | Acrylique sur bois


Septembre 2020

Je peux maintenant procéder à un accrochage et à la présentation de certaines œuvres aux personnes concernées. Je compose avec la réglementation des mesures sanitaires.

Un accrochage avec une description du projet afin que les résidents et les résidentes, le personnel et les membres des familles puissent le lire tout en appréciant les œuvres. L’un des buts de ces tableaux est que les promenades des résidents et des résidentes, dans les corridors, puissent être plus agréables parce que baignées de couleurs.

Puis le travail en atelier reprend tout en poursuivant les entrevues. Celles-ci, d’une durée de 45 à 60 minutes, parfois un peu plus, se font de préférence le matin vers 10 :00. Mes questions tournent autour de ce qui met la personne en joie, de la famille, des enfants, des petits-enfants, des arrière-petits-enfants, des passions, des motivations, du courage, de la détermination, de la vieillesse, du vieillir, et de ce que la personne considère important de me partager. Je la laisse se raconter, souvent les questions ne sont pas nécessaires. Nous avons un grand plaisir à jaser, tout simplement de jaser ensemble, d’être ensemble.

J’ai un résident en tête, un homme de plus de 90 ans.
Ce que je retiens de notre rencontre :
La joie de vivre, l’importance de la relation à l’autre et de rigoler tout en conservant une grande philosophie face à la vie.

Puis une résidente de 89 ans me demande :
« J’aimerais te chanter une chanson… est-ce que tu veux? C’est parce que j’ai une chanson dans mon cœur… »


« Ça me fait chaud au cœur qu’il y ait du monde qui pense à nous. »
Une parole très touchante, dite avec une grande sincérité. Lorsqu’il m’accueille pour cette entrevue, c’est en me disant « la dame des peintures dans le corridor », cet homme a 96 ans et quelques mois. Une vie de lacs et de rivières se pointe…

Une vie de lacs et de rivières !
2020 | 22" x 30" / 56 x 76 cm | Acrylique sur bois.

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