Mai à août 2021

Mai et juin

Je fais des œuvres différentes pour chacune des personnes, des œuvres qui témoignent de notre rencontre. Chacune d’elle est porteuse d’espoir, d’espoirs de toutes sortes. Tout au long de ce travail, j’ai cherché à bien protéger l’intimité des gens et la mienne. Le lien commun de nos échanges demeure ce partage de passion et du goût de vivre. Je trouve la vieillesse belle. J’invite les gens à se raconter et je me raconte.

Il sera bientôt possible d’aller de nouveau à la Résidence. Je m’imprègnerai d’abord du milieu et reprendrai là où j’avais laissé les choses.
Pour chacun, la vie continue d’avancer.

Enfin un accrochage!
À nouveau les rencontres se poursuivent.
Comme votre sourire me fait du bien.
Nous déambulons ensemble dans le corridor.

Je sais que pour vous il est important de viser l’essentiel.
Je vous cherche, mais à ce moment précis, je ne vous trouve pas.

Tous s’affairent, une belle et douce interdépendance,
la vie comme une dentelle !

Je retouche quelques œuvres
celles en lien avec vous mon très cher Monsieur.

Juillet

Ce sera le vrai déconfinement, on sent un bonheur et une légèreté à nouveau. C’est progressivement que je réussis à rejoindre les résidents et les résidentes. On se reconnaît doucement et on reprend là où nous en étions. Le temps s’est infiltré entre nous. On réapprend à se connaître.

L’enthousiasme nous garde jeunes, c’est ce qu’une dame de plus de 96 ans m’affirme. Elle est toute pleine de vie et de motivation. « Je pense qu’à 96 ans, je peux encore apporter aux autres. » Et elle s’esclaffe dans un grand rire. Que dire ? Je pense que nous avons constamment besoin de plus vieux que soi.

J’ai besoin de ce lien intergénérationnel.
J’ai besoin de ceux qui me précèdent, tout comme j’ai besoin de ceux qui me suivent.

Mes œuvres, dans ce lieu, prennent tout leur sens. Elles prennent vie les unes par rapport aux autres. Le lieu affiche son importance, il apporte aux œuvres et les œuvres apportent au lieu, l’un est l’autre. Tout en respectant ma propre création, je me suis efforcée de peindre la rencontre, ces moments dits et non dits, ces moments de silence et de partage.

Août

Puis, il y a tout le non-dit d’un tel projet, ce que chacun reçoit et partage par des mots, par des gestes, par des regards complices…

Une belle complicité. J’ai monté un cartable qui contient des photos des personnes concernées et les œuvres du projet. Ce cartable me permet de raconter aux résidents et aux résidentes ce que nous avons fait ensemble, de les aider à se rappeler et à nouveau nous nous amusons des œuvres faites et de ce moment de rencontre. Le cartable ravive la mémoire, plusieurs l’apprécient.

Je rappelle à chacun que les œuvres sont accrochées aux murs des corridors afin qu’elles puissent agrémenter leur marche quotidienne et qu’elles s’amusent à les regarder.

J’ai aussi fait des œuvres synthèses inspirées par l’ensemble du groupe, par l’ensemble des résidents et des résidentes et du personnel de l’Îlot d’Or.

Merci d’avoir accepté de me rencontrer, merci de votre présence sur le chemin de la vie.

Mon travail d'artiste en arts visuels se définit aussi par ce que j’appelle ma mosaïque-peinture.
J’aime imaginer cette mosaïque.

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